Consultant senior
Spécialiste Soft Skills
Formateur certifié
Professeur de Philosophie
Coach diplômé de l'Université Paris VIII
et certifié "Coach & team © Transformance Pro "

Fruit de la rencontre de deux mondes – celui de mes parents immigrés, quittant leur pays natal pour espérer faire fleurir ailleurs les rêves d’une autre génération, et de la classe ouvrière française – les obstacles n’ont pas tardé à pointer le bout de leur nez. Je les voyais comme des chaînes invisibles, héritées de mon passé familial et transmises à travers des générations de dur labeur, de luttes quotidiennes et de sacrifices silencieux.

Mes parents, les mains et le dos rongés par les épreuves de la vie, avaient tissé des liens fragiles, qui devenaient vite des noeuds émotionnels, se resserrant davantage à chaque nouveau défi auquel la réalité ne manquait pas de nous exposer. Il m’a fallu beaucoup de temps pour mettre en lumière les moindres recoins de cette histoire familiale qui se dévoilait progressivement à moi. Les rêves inachevés et irréalistes de ma mère nostalgique et l’acharnement au travail de mon père créaient une tension quotidienne qui appuyait sur mes vulnérabilités, comme on appuie sur une plaie ouverte. Au fil du temps, ces difficultés, tant intérieures qu’extérieures, devenaient comme des énigmes existentielles qu’il me fallait déchiffrer si je voulais en saisir la portée et la signification, travaillé que j’étais par le besoin d’en faire quelque chose. Je me refusais ainsi d’avoir à me définir par ces limitations et par cette histoire que je n’avais pas écrite.

Il faut dire que grandir entre deux ou trois mondes n’était pas toujours facile. A l’harmonie succédaient souvent les conflits qui relançaient inexorablement mes questionnements quant à ma place et à ma contribution dans ces mondes dont la cohabitation devenait de plus en plus complexe et incertaine. Pour réussir à démêler l’écheveaux, il me fallait partir de principes éthiques relationnels que j’avais hérités de mes parents. Leur engagement envers leurs enfants, leur infatigable labeur, leur dévouement et leurs sacrifices constituaient un solide héritage sur lequel je pouvais m’appuyer.

Très tôt, j’ai donc appris à reconnaître ma dette émotionnelle et à intégrer, au coeur de mon cheminement, les obligations invisibles qui entrelacent nos vies.

Je m’efforçais alors de transformer ce qui se présentait sous la forme d’une impasse ou d’un dilemme en véritable question philosophique à laquelle la vie me sommait de répondre si je voulais avancer. Entre autres : comment rester fidèle à cet héritage familial tout en poursuivant mes rêves ? Comment déployer mes ailes sans arracher mes racines ? Comment prendre le large en sachant qu’un jour, le port qui vous a vu partir, sera toujours là pour vous accueillir ?

C’est alors que je me suis lancé dans une longue, et parfois pénible, investigation qui m’a permis de décoder, de travailler et de déconstruire des scénarii relationnels récurrents qui pouvaient entraver ma croissance personnelle et professionnelle.
Tout en exerçant un regard critique, vigilant et sans concession sur ces amarres qui me maintenaient au port, j’ai aussi appris à ne pas les rejeter brutalement, et à les accueillir avec bienveillance, en comprenant leurs origines historiques et les contextes compliqués qui les ont fabriquées. J’ai ressenti alors beaucoup de compassion envers ce que mes parents avaient dû traverser d’épreuves et de douleurs. Je les ai acceptés tels qu’ils étaient, avec leurs atouts et leurs imperfections, me nourrissant de ceux-là, essayant de ne pas trop m’exposer à ces dernières. Les amarres larguées, il m’était alors possible de redécider de ma trajectoire. Grâce à mes parents et à cette conscience renouvelée que j’avais désormais de moi-même, je jetai les bases d’une nouvelle aventure, créant des liens solides avec des personnes qui partagent des valeurs similaires. Ma famille, mes amis sont ainsi devenus de nouveaux piliers, sur qui je peux compter lorsqu’il s’agit de porter de lourds fardeaux, et surtout lorsqu’il s’agit de célébrer ensemble nos réussites respectives.

Mais le repos fut de courte durée, car concomitamment aux noeuds familiaux que je dénouais, les stigmates liés à mon origine et à mon statut social se reflétaient vite dans les regards obliques et les évaluations tous azimuts. J’en ai beaucoup souffert, mais j’ai très vite compris que ces stigmates étaient des constructions sociales et non des vérités incontestables. Ce qui avait été construit, pouvait être déconstruit. A l’école, je rencontrais des difficultés d’une autre nature et d’une ampleur bien différente. Le manque de moyens se traduisait par des infrastructures obsolètes et des manuels usés. Je comprenais que d’autres influences, plus globales et systémiques, pesaient sur ma trajectoire et en orientaient sournoisement la direction. Il me fallait débusquer ces forces invisibles de façon à désactiver leur énergie négative. Au coeur de ce maëlstrom, j’ai le tendre souvenir de mes parents, de mes proches aujourd’hui toujours près de moi, d’enseignants et de camarades de classe à qui je suis reconnaissant de m’avoir aidé et encouragé à m’engager pleinement dans mes études et à surmonter les doutes que j’avais quant à ma valeur personnelle. Fort d’une vision plus réaliste de moi-même, mobilisant ce que le patrimoine culturel français en particulier et mondial en général, contient de richesses et de promesses d’émancipation, j’ai mobilisé des intelligences multiples, varié les styles d’apprentissage et développé une conception holomorphique de ma propre croissance.

Mes années apprentissage et de formation devenaient tel un kaléidoscope d’expériences, me permettant de comprendre le monde et de le transformer sous des angles variés.  Je construisais ma carrière professionnelle comme le peintre devant sa toile, qui mobilise une palette de couleurs et de pinceaux tous aussi divers les uns que les autres. J’ai exploré et me suis ouvert à des domaines variés, appliquant une vision holistique à l’ensemble de mes projets, tant personnels que professionnels.
Ma créativité intellectuelle et ma compréhension des dynamiques sociales m’ont ouvert des portes jusque-là insoupçonnées.
J’ai suivi le chemin qui résonnait avec mes valeurs, même s’il fut parfois chaotique, sinueux et alambiqué.

Mon histoire, je la vois comme une célébration de la complexité, de la diversité et de la beauté qui ne manque pas de surgir lorsque toutes les dimensions de notre être-au-monde sont respectées et intégrées. Contre vents et marées.

Aujourd’hui, en jetant un coup d’oeil dans le rétroviseur, je revois cet enfant d’ouvrier et je mesure le chemin parcouru. J’ai compris que le sens de la vie n’est pas quelque chose qui nous est donné une fois pour toutes, mais quelque chose que nous créons à chaque instant, en activant cette capacité humaine à transcender les limites qui nous sont imposées, à se réinventer malgré les déterminismes apparents et cachés, de façon à choisir et éclairer son propre chemin vers la réussite.

« Au lieu de maudire l’obscurité, allume une lumière pour éclairer la route ».